mardi 21 décembre 2010

Dimanche 21 novembre, Ballade dans la forêt avec Marta et aux termes avec Carlos

Et si, c'est le printemps, la preuve : les poussins!
Encore une journée pluvieuse et froide. En ouvrant les rideaux ce matin, pas de changement de temps ! La météo semble vraiment fiable ici… programme calme ce matin. Carlos est parti pour conduire et accompagner un chef Mapuche de Melipeuco, faire les visites protocolaires nécessaires à l’organisation d’une cérémonie. Pour la communauté concernée, il n’y a pas eu d’organisation de ce type de cérémonies depuis très longtemps, alors la mission est importante. Il est parti tôt ce matin, car les visites doivent être terminées avant midi. En effet, dans la tradition Mapuche, les choses que l’on commence, doivent être faites avant midi, dans les premières heures de la journée, tant que l’énergie du soleil est en train de croître.
Jean-Louis et Elisa sont sur le départ. Ils rendent leur voiture de location à l’aéroport de Temuco et prennent un vol pour Santiago. Ils ont rendez-vous avec Valparaiso, avant de repartir pour Lyon, un jour avant nous. Elisa, qui souffre du froid depuis son arrivée sur la contient Sud-Américain, ne croit plus pouvoir trouver le soleil, et pourtant, nous l’avons expérimenté : au nord du Rio Bio bio, le climat est plus clément et le soleil brille !
Après leur départ, nous profitons de ce moment de tranquillité pour aller faire un tour dans la forêt avec Marta. Elle m’emmène à travers les bambous, en direction de la jonction des deux rivières. Le lieu est vraiment magnifique, l’énergie assez fabuleuse. Elle me parle longuement de la place de la femme dans la tradition Mapuche, et s’intéresse à mon travail avec les fleurs, à mon approche des difficultés relationnelles. Nous échangeons longuement sur la montée de l’énergie féminine dans la cordillère, et l’importance de l’énergie féminine pour permettre à nos civilisations, européennes ou Mapuche, de trouver leur juste place, équilibre entre respect, traditions, connaissances anciennes et avantages de la modernité. Les femmes sont les gardiennes des graines et des semences, elles sont en charge de perpétrer les races, de transmettre les connaissances, de former, d’informer. Elles ont un rôle modérateur importent à jouer pour permettre la mise en place d’un équilibre harmonieux entre l’ancien et le nouveau, entre la tradition et la modernité. C’est un équilibre qui est recherché, dans un pays ou la modernité est en train de faire autant de dégâts que dans les pays européens dans les années 70. Des gens, comme Marta et Carlos, qui ont vécu en Europe à cette période, pendant leur
période d’exil de l’ère Pinochet, sont bien placés pour en parler autour d’eux et éviter à leurs compatriotes de faire les erreurs faites chez nous et dont la nature paye aujourd’hui le prix fort ! Ils sont d’ailleurs régulièrement partie prenante dans les campagnes visant à protéger la nature des déchets « modernes » de notre société de consommation, qui envahissent petit à petit les campagnes Chiliennes, tel que les bouteilles et les sacs en plastique ou les piles. Les méthodes traditionnelles de destruction des déchets, telles que l’incinération, font, dans ces cas, plus de tort que de bien ! Eviter le rejet dans la nature leur permettra de ne pas se retrouver, comme chez nous dans les années 80, avec une nature polluée, envahie de déchets non dégradables…
Coup de fil de Vincent. Depuis vendredi, nous tentons de trouver un créneau pour sortir ensemble à la rencontre des fleurs… malheureusement, le temps n’est pas de la partie, et la sortie que nous avions programmée pour le week-end, devra être repoussée au début de semaine. Rendez-vous est pris, au téléphone, pour demain. Nous ferons le point sur le climat pour partir rencontrer les fleurs lundi ou mardi.
Carlos rentre de sa matinée, satisfait des résultats des rencontres. Il a bon espoir pour l’organisation prochaine de la cérémonie.
Le temps passe rapidement, quand on est en bonne compagnie ! Malgré nos efforts conjoints à Marina et à moi, impossible de connecter mon ordinateur à Internet ! Tant pis, je ne pourrai pas alimenter mon blog, comme je le souhaitais ! J’ai déjà pas mal de jours de retard… Je continue à préparer régulièrement mes textes sur word. Je ferai des « copier coller » le moment venu pour les mettre en ligne !
Vers 4h, nous sommes enfin prêts à partir pour les bains thermaux de Bilboa. Marina, Marta et Carlos nous accompagnent. Nous nous sommes munis de linges et de costumes de bain, et prenons le chemin qui mène à la route. Nous croisons une voiture, et Marta me demande de m’arrêter : ces gens viennent en visite à la Ruka ! Elle ne peut leur demander de repasser plus tard, alors, elle nous quitte, renonçant à son bain, et monte dans leur véhicule.
Nous continuons notre route tous les 4, direction les thermes. 45 minutes de piste plus tard, nous arrivons sur place et bénissons le ciel de nous avoir fourni un 4X4 en bon état. Nous pouvons accéder, sous une pluie battante, au bord de la rivière où sont situés les thermes.
Les 3 baquets en bois, alimentés par une eau chauffée par le volcan Llaima, sont alignés non loin d’une rivière tumultueuse, protégés par des baraques en tôle, qui forment des cabines individuelles. Il n’y a pas âme qui vive. Carlos nous explique que nous passerons payer notre bain auprès de la propriétaire, en remontant à la piste. Il vérifie l’état des baquets et découvre que seuls deux sont en état de fonctionnement. Les filles prendront leur bain en premier : 35 à 40 minutes dans l’eau chaude, suivies d’un saut dans la rivière ! Pour nous aider à nous débarrasser des impuretés qui nous habitent, nous partons le long de la berge, à la recherche d’un arbre. Carlos nous explique que les feuilles de ce laurier ont le pouvoir de nous aider à nous purifier, et qu’après le bain, nous les confierons à la rivière, qui emportera tout cela loin de nous. Il nous explique que nous devons être respectueux de cet arbre, comme de la nature, demander à l’arbre de nous autoriser à cueillir quelques-unes de ses feuilles et ne prendre que ce dont nous avons besoin, jamais plus, afin de permettre à l’arbre de prodiguer ses vertus à d’autres personnes.
Une fois cette cueillette accomplie, chacun ayant pris ce qui lui était utile, nous retournons aux bains, réglons la T° de l’eau, et Marina et moi nous immergeons, chacune dans son baquet. L’eau est brunâtre, délicieusement chaude, le laurier dégage son parfum particulier. La pluie, ininterrompue, tambourine sur la tôle du toit, la rivière vrombit non loin de là. C’est le calme qui règne en maître dans ce lieu. Le silence s’installe, seule la nature s’exprime. C’est quasiment en même temps que nous émergeons de notre baquet ! Assez de chaud, place au froid ! Vêtues en tout et pour tout de notre costume de bain, nous traversons, sous la pluie, les quelques mètres qui nous séparent de la rivière, et nous aspergeons d’eau froide ! Nous en profitons pour rendre les feuilles à la nature…
Les garçons prennent nos places dans les baquets. Nous nous installons sous un toit de tôle et profitons du temps qui nous est offert. Nous ne les voyons pas partir à la rivière, ils finissent par nous rejoindre, mouillés et rhabillés. La voiture nous semble chaude et sèche, nous entamons la remontée abrupte vers la route. Retour à la Ruka en début de soirée. Marta nous a préparé une bonne soupe, et c’est épuisés et allégés, que nous allons nous coucher !

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