jeudi 23 décembre 2010

Lundi 22 novembre, le parc de Conguillo et le volcan Llaima avec Vincent





Levés tôt ce matin et, oh merveille, c’est le volcan qui me salue ! Grand ciel bleu, petit nuage, la météo ne s’est pas trompée, la journée est magnifique ! Petit sms à Vincent, pour lui proposer la sortie aujourd’hui, et après le petit déjeuner, départ pour la maison des parents de Carlos, qui souhaite que je rencontre sa maman et sa sœur. Je reçois un accueil chaleureux de la part des femmes, par contre, du côté de son papa, c’est différent ! Il me salue poliment puis cherche systématiquement à rester le plus possible éloigné de moi, tout le temps que dure ma conversation – traduite par Carlos – avec les femmes ! Effectivement, je pense que ma présence ici est en lien avec la montée de l’énergie féminine, et le chef de famille semble repoussé par cette énergie ! Normal, après tout, c’est tout le monde, tel qu’il l’a connu toute sa vie (il aurait environ 100 ans), qui est en train de changer ! Pas facile d’accepter la sensation que cela procure ! Ce que je dégage, pour lui, doit être assez proche de ce que dégage la mort, alors, pas étonnant qu’il air envie de se tenir loin de moi ! les femmes sont intéressée par les élixirs, les remèdes à base de fleurs leur parle beaucoup, elles sont familières avec cette façon de se soigner. La sœur de Carlos est particulièrement intéressée.
De retour à la Ruka, je lance un coup de fil à Vincent, qui n’a pas vu mon sms, et est sous les nuages à Temuco. Informé du climat agréable de Melipeuco, il décide de nous rejoindre au plus vite, et de faire cette sortie tant attendue !
Il nous rejoint en fin de matinée pour un apéro, puis départ pour le Parc du Conguillo. Nous reprenons la route prise avant-hier, le paysage est complètement différent sous le soleil ! Nous sommes rapidement au pied du volcan, et laissons le Pick-up de Vincent dans la plaine, pour entreprendre la montée vers la neige. Le volcan est magnifique ! Vincent nous explique que s’il a deux pointes, c’est qu’il possède deux cratères. A une époque, le premier s’est bouché, et sous la pression de la lave, le deuxième s’est formé.


Ce qui m’hallucine, c’est la présence de végétation sur des mamelons qui ont été contournés par la lave ! Les arbres ne semblent pas avoir souffert des fortes chaleurs de la lave en fusion ! Ou alors, la végétation à vite repris vie, dans la mesure ou l’humus était toujours présent. Nous sommes maintenant dans le domaine du volcan. Nous marchons sur le sol de sable noir, fait de lave refroidie et fragmentée. Le sol crisse sous nos pas, nous nous enfonçons dans cette matière fluide et légère, faite de roche refroidie et d’une grande quantité d’air, qui remplit toutes les minuscules bulles du matériaux. Tout cela est très friable et instable, glissant et coulant, tel du sable, mais en plus grossier et rugueux. Matière unique, que je ne peux nommer que « sable volcanique ».


A quelques mètres de la voiture, un drôle d’objet nous attire l’œil : siège, dossier, structure en fibre de verre… Vincent nous informe qu’il s’agit d’une luge artisanale, certainement perdue cet hiver, et que la fonte des neiges à laissé sur le « sable volcanique ».






Nous continuons notre progression, et plus nous élevons sur les pentes du volcan, plus la vue sur les environs devient majestueuse : nous découvrons la laguna verde, coincée entre les montagnes, et prennons conscience de l’étendue dévastée par les débordements du volcan !






Nous découvrons également la puissance vitale de la végétation : une première « cola de zoro », puis d’autres petites plantes. Plus loin, une pierre étrange retient mon regard.











Elle semble cylindrique, telle un bouchon… J’interroge Vincent, qui confirme mon pressentiment : celle-ci n’est pas venue jusque là en glissant, mais en volant ! Nous sommes encore très bas sur le volcan, et la distance entre le cratère et nous excède facilement les 2 kms ! Cette pierre a été expulsée avec une force colossale et a volé jusqu’à nous !









Pas de sentier sur le volcan, juste ce sable volcanique sur lequel nous marchons, et par moments, des parties de roches plus dures, des fractures, ou encore de la végétation discrète.



Nous nous élevons, parvenant bientôt aux premières neiges. Le vent a soufflé du sable par dessus la neige, la beauté de ces mini montagnes est surprenante, et nous nous en délectons !
Le temps a passé durant notre ascension, et nous décidons de profiter de cet arrêt pour nous mettre à table. Les araucarias semblent tout près, mais ils sont encore loin, et le sommet du volcan l’est encore plus ! Et comme nous ne disposons pas du matériel nécessaire pour tenter la montée jusqu’au sommet, une fois notre dîner avalé, nous prenons le chemin du retour vers la voiture.

Où est-elle d’ailleurs, la voiture ? Tout à l’heure, elle était un petit point au milieu de l’étendue de sable noir, maintenant nous n’arrivons même plus à la distinguer ! Descendons déjà un peu, et nous finirons bien par la retrouver ! Le trajet que nous empruntons à la descente, est beaucoup plus abrupt qu’à la montée, et nous prenons plaisir, surtout Thomas, à nous laisser glisser dans la pente.


plante installée dans une "cola de zoro"
Au détour de rochers, nous trouvons d’avantage de végétation, installée bien à l’abri du vent et du froid. Certaines plantes sont même extrêmement développées et fleuries. Comment la végétation arrive-t-elle à repartir, dans ce qui semble être un matériau 100% minéral et ne contenant ni eau, ni humus…. Et bien certaines plantes plus résistantes commencent cette colonisation, elle abrite, dans leurs replis, d’autres plantes, qui elles-mêmes attirent des petits animaux, qui engraissent le tout.

Dans chaque repli de terrain, moins sensible au vent, plus chauffé par le soleil, la première végétation s’installe, puis s’étend, créant un milieu favorable pour d’autres végétaux, qui colonisent à leur tour et créent un milieu qui attire encore d’autres habitants. C’est ainsi que l’on se retrouve face à une forêt d’araucarias, plantée sur un sol visiblement anciennement dévasté par une éruption !






Dans ces premières plantes qui viennent coloniser ces sols infertiles, on trouve la fameuse « cola de zoro » ou herbe de la pampa, dont Vincent fait un magnifique élixir.





La voiture retrouvée, nous roulons en direction de la forêt et arrivons à la lagune arc-en-ciel. Sous le soleil, elle porte bien mieux son nom ! La Sierra Nevada se dévoile enfin à nos yeux, couverte de neige, en arrière plan de la forêt d’araucarias.  Le Laima se montre sous un autre angle, toujours aussi majestueux.








Nous arrivons au « Loch Ness » d’avant-hier : la vue est complètement différente ! Si je vous assure, la photo est prise au même endroit, avec le même appareil !







Nous sommes entourés d’araucarias magnifiques. Avec Vincent, nous avons le nez en l’air, à la recherche des fleurs. Les araucarias fleurissent à partir de 80 ans environ. L’arbre est soit mâle, soit femelle.





Les arbres mâles portent des fleurs mâles, qui contiennent le pollen nécessaire à la pollénisation des fleurs femelles. Les fleurs mâles sont plutôt allongées et groupées par 2 ou 3 au bout des branches. Elles sont couvertes d’un liquide gluant et peuvent prendre une teinte jaune orangée à maturité.





Les fleurs femelles, portées par les arbres femelles, sont beaucoup plus grosses et rondes, une fois pollénisées, elles donnent naissance au fruit de l’araucaria, el pinone, le pignon. Ce pignon est la nourriture de base des Indiens Mapuche. Avec Vincent, nous prenons beaucoup de temps pour photographier ces fleurs. Malheureusement, les arbres sont très hauts, et ne disposant pas de mon meilleur appareil, je ne peux faire que quelques prises de vue bien moyennes ! C’est la vie !







Cette journée dans la nature volcanique, accompagnée de Vincent, prend fin bien plus tard, à notre retour à la Ruka. Elle a été riche d’enseignements tant au niveau de la découverte du végétal, que de la perception de cette fameuse énergie de la Cordillère, et de la compréhension de ce qu’est le Chili, de qui sont les Chiliens. Merci Vincent pour tout cela!

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